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Prête-moi ton rêve: l'expo panafricaine

Dernière mise à jour : 3 avr. 2020



Prête-moi ton rêve », exposition panafricaine itinérante, est un projet ambitieux porté par la FDCCA (Fondation pour le Développement de la Culture Contemporaine Africaine).

Elle est née au Mali d’une discussion entre un galeriste marocain et des artistes africains reconnus de par le monde dont Abdoulaye Konaté.


Leur constat : ils ont une renommée internationale, c’est-à-dire hors Afrique, sont présents dans les collections des plus grands musées et collectionneurs mais méconnus dans leur propre Continent par le grand public !

La FDCCA née quelques années plus tard a permis sans aucun doute de passer du rêve à la réalité.

L’appui des artistes était aussi un élément important à la concrétisation du projet, en résidence d’artistes au Maroc ils ont participé à la réussite du projet. Parmi eux on peut nommer

Abdoulaye Konaté du Mali, Soly Cissé du Sénégal, Barthélemy Toguo du Cameroun ou encore le Sud-Africain, William Kentrige…



Une exposition itinérante dans différents pays d’Afrique du nord au sud


En juin 2019, après une résidence d’artistes au Maroc, a débuté à Casablanca l’aventure panafricaine portée par la fondation FDCCA et la Galerie 38 piloté par deux commissaires : Yacouba Konaté, professeur d’art, directeur général du Marché des arts du spectacle africains (MASA), et le Marocain Brahim Alaoui ancien directeur du musée de l’Institut du Monde arabe à Paris.

Après le départ marocain du 18 juin au 30 juillet à la Maison de l’Union puis l’escale à Dakar au Sénégal du 06 décembre au 28 janvier, elle est désormais à Abidjan en Côte d’Ivoire du 12 mars au 29 avril.


Suivront Lagos (Nigéria), Addis-Abeda (Tchad) et Cape Town (l’Afrique du Sud), telle une caravane culturelle ambassadrice de l’art africain contemporain pour se clôturer à Marrakech au cours de l’année 2020.

L’exposition s’enrichit au fil des étapes puisque de 28 artistes au Maroc, une trentaine ont rejoint depuis l’escale de Dakar. Et, à chaque étape, l’exposition rend hommage à un artiste local en reconnaissance de son travail : Farid Belkahia s’est prêté au jeu à Casablanca, Soly Cissé a été honoré à Dakar.



A Dakar, je ne pouvais pas rater cette belle exposition qui a tenu ses promesses en réunissant en un même lieu d’œuvres d’artistes renommés certes différents au niveau du style mais aussi unis par le travail et la créativité !

Réunir une cinquante d’artistes de renommée internationale, voilà une idée ambitieuse et coûteuse… Faire circuler ces œuvres du Nord au Sud est sans nul doute le parcours du combattant au niveau logistique, humain et technique dans un Continent où la circulation des biens et des personnes reste encore un parcours semée d’embûches.

Ils ont osé : une performance à saluer, bravo !


L’exposition principale s’est installée au Musée des Civilisations Noires qui soufflait par la même occasion sa première bougie. L’exposition « carte blanche » dont le commissariat a été confié à El hadji Malick N’Diaye, intitulée « Fent Bokk », réunit, elle, de jeunes talents au musée Théodore Monod de Dakar jusqu’au mois de décembre 2020.


De nouveaux artistes ont rejoint l’étape dakaroise tels que Bernie Searle (Afrique du Sud), Rui Assubuji (Mozambique) et Angèle Etoundi (Cameroun). Cette dernière a présenté une série de 4 photos mettant à l’honneur la femme pour laquelle on connait son engagement.


Les tableaux de Soly Cissé, parrain de l’escale de Dakar, avec ses personnages fantasmagoriques, entraîne dans un monde imaginaire impressionnant.


Le célèbre congolais Cheri Samba fait face à l’ivoirien Ouattara Watts : une conversation s’engage entre deux univers différents l’un dans l’abstrait l’autre dans le figuratif mais très complémentaire avec une maturité déconcertante.




Au centre se trouve une installation de l’artiste Burkinabé Siriki Ky « L’Afrique face à son destin », C’est celle qui m’a sans aucun doute le plus touchée. La mise scène parlante et poignante de l’artiste qui nous montre une image désolante de l’Afrique pourtant riche qui mendie aux institutions occidentales. A quand le réveil des consciences, telle est la question ?


Abdoulaye Konaté l’artiste Malien n’était pas en reste avec ses tableaux-textiles qui évoque ses racines et sa cultures mandingue et dénonce les maux de l’Afrique et du monde.

William Kentrigue, lui, nous touche à travers ses films d’animations sur le monde d’aujourd’hui tant politique que poétique.



Viyé Diba, artiste né au Sénégal, utilise les matériaux locaux : coton, tissus, mais aussi des matériaux de récupération, toiles plastiques, cordes etc... Ces œuvres nous interrogent sur le consumérisme, la mondialisation et l’environnement.




Autre artiste engagé: le marocain Mohamed Melehi avec ses peintures abstraites d’un style moderne, très colorées. Il nous appelle à une prise de conscience du réchauffement climatique et de ses conséquences qui nous guettent.













Un petit bémol !

Je n’ai pas pu visiter l’exposition au Musée Théodore Monod par manque de temps mais ce n’est que partie remise.

A mon avis les deux expos devaient être au même endroit puisque l’idée était de passer le témoin à la jeune génération pour créer plus d’interactions et de liens.

Pour que ces transmissions puissent se faire, il faut que le partage soit effectif par la réalisation de contacts avec plus d'artistes locaux, des partages d’expériences. J’aurai aimé voir organiser des ateliers pratiques, workshop, en plus des tables-rondes académiques, afin d’impliquer beaucoup plus les acteurs culturels du pays et de toucher le grand public.

Moins intellectualiser ce genre d’évènement pour sortir de l’entre soi et le rendre plus populaire devrait être une piste.

Si la volonté affichée est que le grand public découvre ces œuvres comme cela se fait en Europe dans les musées et expositions, il faut avoir une autre approche moins élitiste pour susciter l’intérêt : faire participer les jeunes, les écoles, les associations, privilégier les médias locaux, développer le bouche-à-oreille, impliquer tous les artistes locaux à ce genre de projet dès le début, etc.

L’exposition Fenkk Book a bénéficié jusqu’alors de peu de visibilité ce qui est dommage surtout vu la diversité des artistes présents.

Passer le témoin avec une plus grande implication des acteurs culturels locaux serait plus bénéfique en créant plus d’interactions avec cette expo : les acteurs du pays doivent être mieux intégrés et impliqués dans des projets de cette envergure !



La dimension de transmission des artistes plus expérimentés par l’âge et la reconnaissance internationale doit permettre de transmettre le flambeau à la nouvelle génération et aussi de contribuer à développer un véritable marché de l’art en Afrique même !

Comme c’est une première à renouveler, ils pourront se rattraper pour les prochaines étapes j'espère. Ainsi j’ai remarqué qu’en Côte d’Ivoire, une plus grande implication des acteurs sur place est à l’œuvre.


Pour nous résumer: voici un beau projet qui se concrétise à saluer et à renouveler !







Ouattara Watts





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