5 déc. 20194 min de lecture

Rencontre avec Alioune Diagne

Dernière mise à jour : 7 mars 2020

Exposition Perceptions du 28 octobre au 29 novembre 2019 à Paris

Alioune Diagne est un artiste plasticien de nationalité franco-sénégalaise né à Fatick en 1985.

Sa première exposition personnelle à Paris "Perceptions" nous a donné l'occasion de le rencontrer et de vous faire une petite présentation de cet artiste.

Ses œuvres reconnaissables parmi tant d’autres représentent souvent des scènes et des personnages dans une toile de signes et de formes haut en couleur.

Son inspiration, ses idées : il les puise de partout mais surtout de son pays natal : « les femmes, les enfants, les scènes de vie quotidienne... »

Ses débuts :

Jeune écolier, il était déjà un très bon dessinateur ce qui lui a valut le titre de dessinateur attitré de sa classe pour faire les illustrations au tableau de matières comme la géographie (il dessinait toutes les cartes du Sénégal) ou les leçons en sciences (il dessinait l’anatomie de l’Homme).

Originaire de Kaffrine, il avait l’habitude de fréquenter, pendant ses vacances à Dakar, l'atelier d'un habitant du quartier où il a été initié au mélange des couleurs, à la peinture.

Là, on lui parle de l’école des beaux-arts de Dakar qu'il projettera d'intégrer mais sa mère lui demandera de passer le bac d'abord.

En 2008, après deux tentatives sans succès au bac, il réussit le concours de l’école des Beaux Arts où il débutera son compagnonnage avec l'artiste Manel Ndoye.

Deux ans après, il quittera l'école pour s'installer à Vienne (Isère France) et débuter une longue réflexion sur son travail pour bientôt développer son propre style.

Sa technique figuro-abstro

A ses débuts, il a exploré tous les styles: du figuratif (portraits, natures mortes...) à l'abstrait . En France, Alioune continue de se former et s'implique beaucoup dans les événements artistiques de sa commune.

En 2013, le décès de son grand père, maître coranique, l’a beaucoup marqué. Ce choc crée un déclic. Sans doute inspiré par l'écriture calligraphique du Coran de son grand-père, il dessine des carreaux plats.

Puis son inspiration s'agrandit et ses dessins deviennent un véritable langage et une technique singulière qui se transforment en signes et figures.

Si ses tableaux ressemblaient alors plus à des images numériques, des assemblages de pixels, il utilisera la couleur pour donner plus de relief et de lumière à ses formes figuratives.

Le figuratif et l’abstrait sont intimement liés: si le signe coloré disparaît, il n’y a plus d’image, ni figurative ni abstraite.

De loin, les figures se dessinent et, en s'approchant, des signes et formes apparaissent en son cœur. Il a ainsi crée un nouveau mouvement qu'il appellera "figuro-abstro" que Manel Ndoye rejoindra.

Son inspiration multiculturelle et son message universel

Pour Alioune Diagne, le langage des signes est un moyen d'expression, une manière qui lui est propre de communiquer avec son public. Il libère sa créativité pour transmettre son message universel puisé dans ses origines et sa vie d'aujourd'hui.

L'artiste n'aime pas entrer dans des cases et des grilles de lecture: il revendique son universalité étant né au Sénégal et vivant en France.

Son regard a changé: sa manière de voir et d'appréhender son art a évolué grâce à sa double culture. Il a mûri et porte des messages d'espoir à travers ses œuvres.

Il s'inspire beaucoup de son pays d'origine, aime transposer des décors sur ses tableaux en mêlant les deux environnements.

Dans "Rue parisienne" présentée lors de son exposition "Perceptions", l'image, anodine au premier abord, est parsemée de bâtiments irréguliers, une foule, le tout décoré par des couleurs vives pour nous rappeler une rue animée du marché Sandaga de Dakar.

Le tableau "Modou, Modou parisien" tout en représentant des sénégalais, vendeurs à la sauvette, que l'on retrouve en Europe comme en Afrique, transpose la Tour Eiffel sur le sol argileux de Dakar et sous les rayons d'un soleil d’Afrique au zénith.

Sa vision universelle l'a poussé aussi à mettre en valeur des femmes dans l'ombre. Braves, travailleuses, mères, elles sont à la quête d'un avenir meilleur pour leurs enfants. Alioune les représente élégantes et fières , femme mère et protectrice comme dans "Protection d'une maman. L'enfant de sa maman" de sa collection "Scènes de marché".

Il s'inspire aussi de cultures qui ont traversé les frontières: la découverte en France d'anciens timbres datant des colonies des années 1800 l'a poussé à transmettre aux nouvelles générations des représentations anciennes de peuples parfois méconnus comme les Peuls, peuple nomade présent dans toute l'Afrique.

Les femmes peules, fières et majestueuses, parées de beaux bijoux, font partie de l'histoire de l'Humanité.